Assurant la famille et les partisans de ce dernier de sa « sympathie », condamnant de nouveau l’attentat du 14 février et rappelant à quel point son parti « accepte et respecte l’autre », Hassan Nasrallah a affirmé son soutien à « toute invitation au dialogue national sans conditions préalables », à condition que tout le monde soit au préalable « d’accord sur son ordre du jour » et que cela se fasse « dans la transparence et la clarté ».
« Moi, j’ai remercié l’Iran la semaine dernière pour son soutien, mais vous, d’où provient l’argent que vous dépensez ? Depuis 2005, vous avez claqué plus de 3 milliards de dollars. D’où viennent-ils, ces dollars ? L’Iran nous a donné l’argent pas parce que nous sommes un parti libanais, mais parce que nous combattons Israël, mais vous, pourquoi tous ces milliards ? Vos projets économiques sont-ils clairs ? En avez-vous hérité de vos pères? Nous, nous sommes clairs : nous avons des armes, et nous les améliorons, qualitativement et quantitativement. Il y en a qui sont connues et il y en a que nous cachons pour défendre notre pays et pour surprendre Israël. Reconnaissez que vous en avez aussi, des armes – ces armes qui apparaissent dans les rues... » a-t-il asséné.
« Les missiles, les roquettes et les bombes grâce auxquels nous pouvons menacer Israël sont-ils les armes de la discorde? » a-t-il aussi demandé.
Ingérences
Hassan Nasrallah est ensuite entré dans le vif de son sujet (les discours du BIEL) en regrettant d’abord que ce ne soit par le patron du BN Carlos Eddé qui ait prononcé les mots dits par le chef des FL Samir Geagea, notamment à propos du massacre de la caserne de Fathallah (NDLR : dans les années 80, les forces syriennes y avaient assassiné des partisans du Hezb...). Il a mis en avant la « relation stratégique » de son parti avec la Syrie : « Si nous ne l’avons pas combattue, même lorsqu’elle nous a mis dos au mur face à ses fusils, c’était pour les Palestiniens. Mais pour qui sont morts ceux qu’ont tués les milices de certains orateurs du BIEL? » s’est-il demandé avant de s’en prendre ironiquement au secrétaire général du 14 Mars, Farès Souhaid, qui a lu le texte du « Conseil national syrien stambouliote ».
Le patron du Hezb a ensuite évoqué l’« attaque » de Saad Hariri (« Que Dieu le guérisse – de sa blessure à la jambe... ») et du 14 Mars contre le Hezb « le jour où je me suis exprimé sur la situation à Bahreïn », rappelant, sur base des déclarations du chef du courant du Futur « publiées dans l’édition d’an-Nahar du 23 mars 2011 », qu’il s’était déchaîné contre lui, l’accusant de s’ingérer dans les affaires du petit royaume et de mettre en danger les intérêts du Liban et ses relations avec ses frères arabes. « Avec cette grille de lecture, que reste-t-il alors de logique lorsque l’on écoute les discours du BIEL? » s’est encore demandé Hassan Nasrallah, leur demandant ce qu’ils feraient au Liban lorsque la guerre civile éclatera vraiment en Syrie... « Pourquoi combattez-vous par l’argent et par les armes en Syrie, et vous tous, au sein du 14 Mars, êtes impliqués dans la mise à prix de ce combat? » a-t-il poursuivi, établissant le parallèle avec l’affaire de la cellule du Hezb incriminée en Égypte il y a deux ans. Il a alors cité les propos très critiques à l’époque de Samir Geagea, qui avait affirmé qu’il « ne faut pas que le Hezbollah s’autorise à violer les lois de pays tiers. Est-ce que les lois syriennes t’autorisent à introduire des armes en Syrie? » « Calmez-vous et demandez-nous des comptes sur les mêmes critères que vous imposez », a-t-il dit.
Menaces...
« Vous appelez à la neutralité, au Liban d’abord... Nous, nous n’avons pas de Liban d’abord, point à la ligne. Nous avons le Liban d’abord, mais il y a x, y et z à ses côtés. Vous avez choisi la neutralité par rapport à Israël, faites de même avec la Syrie. Pourquoi avez-vous lié la situation du Liban à la chute du régime syrien ? » a-t-il dénoncé, accusant le 14 Mars de jeter le Liban « dans l’enfer de la guerre ». « Êtes-vous vraiment convaincus que le printemps arabe est sorti du giron de la révolution du Cèdre ? Ce printemps est né contre des régimes dirigés par Condoleezza Rice puis par Hillary Clinton, qui vous dirige aujourd’hui... ».
Et, dans une menace à peine voilée, il s’est adressé aux « leaders du 14 Mars : ce doigt (NDLR : Hassan Nasrallah a alors levé son index pendant qu’il s’exprimait...) ne vous plaît pas, mais vous n’êtes pas en position de poser et d’imposer les conditions. Vous avez fait cela durant la guerre de juillet 2006 et cela ne s’est pas terminé comme vous le vouliez. Leaders du 14 Mars, vous n’êtes pas en position de donner des garanties au Liban face aux changements en cours, le jeu régional est bien, bien plus grand que vous », a-t-il dit, appelant « toute personne soucieuse d’éviter la guerre civile de faire taire ses députés, ses alliés, sa presse et ses sites Internet qui incitent à la discorde jour et nuit ».
« Avec tout cela en compte, nous sommes avec le dialogue sans conditions, prêts à l’ouverture. Les Libanais veulent vivre ensemble dans la stabilité malgré ce qui se passe dans la région, et nous voulons que ce gouvernement continue à travailler, nous voulons résoudre ses problèmes », a-t-il poursuivi.
Enfin, Hassan Nasrallah a démenti toute implication de son parti dans la série d’attaques ayant visé des diplomates israéliens à New Delhi, Tbilissi et Bangkok. « Je peux vous dire de manière catégorique que le Hezbollah n’a rien à voir », a-t-il affirmé. « Notre vengeance (pour la mort de Moghniyé) ne sera pas dirigée contre des soldats et des diplomates israéliens ou des Israéliens ordinaires », a-t-il ajouté, sans plus de détails. « Le jour viendra où nous vengerons Imad Moghniyé de manière honorable », a-t-il martelé.
commentaires (12)
- - @ MALEK , il y a des index facilement cassables et d'autres incassables ...
JABBOUR André
14 h 37, le 17 février 2012